Londres : un sommet mondial contre le viol comme arme de guerre

Du 10 au 13 juin 2014, Angelina Jolie et William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères, président un sommet à Londres, dont l'ambitieux objectif est de dénoncer et criminaliser les violences sexuelles et le viol, utilisés comme armes de guerre.

Ce sommet est le plus grand événement consacré au sujet. Il comporte des délégations de plus de 100 pays et 48 ministres des Affaires étrangères sont présents. Ceux qui étaient et continuent à être en première ligne sont là également : les victimes, les témoins mais aussi les acteurs sur le terrain, tels le gynécologue-obstétricien, Denis Mukwege, qui répare inlassablement depuis 15 ans les femmes violées en République démocratique du Congo (RDC).

L'objectif est d'éveiller les consciences, de combattre l'impunité de ces crimes et de créer un élan irréversible, afin de déboucher sur des actions concrètes sur le terrain. Les moyens d'améliorer les systèmes judiciaires, la formation des militaires et le soutien aux victimes seront également étudiés. En plus des échanges officiels, un programme avec des ateliers, des conférences, des expositions et du cinéma muet sont destiné au grand public.

Le 12 juin, William Hague recevra le minsitre des Affaires étrangères du Nigeria au sujet des lycéennes enlevées par Boko Haram* au Nigeria, ainsi que les représentants des états voisins : Bénin, Tchad, Cameroun et Niger, afin d'étudier les moyens de vaincre ensemble le groupe islamiste.

Les gouvernements de la République démocratique du Congo et des autres pays assistant au Sommet mondial pour mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits devraient prendre des engagements concrets en faveur de la justice pour les victimes, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport intitulé Mettre fin à l’impunité pour les violences sexuelles : Nécessité d’un nouveau mécanisme judiciaire pour traduire les responsables en justice. Au long des 27 pages, sont décrits les viols de masse et les autres formes de violence sexuelle commis en RDC au cours des dernières années par l’armée congolaise ou d'autres groupes armés. Il met l'accent sur le manque d'efforts pour traduire les responsables en justice.

Angelina Jolie**, ambassadrice du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés, et William Hague seront rejoints le 13 juin par John Kerry. Les violences sexuelles pendant les conflits constituent l'une des injustices les plus persistantes et les plus négligées à ce jour, a insisté lundi le secrétaire d'Etat américain dans l'Evening Standard.

Selon John Kerry, il faut commencer par considérer le viol en temps de guerre comme un crime international majeur, et plus seulement comme la conséquence inévitable de tout conflit. Ensuite il est nécessaire de convaincre chaque gouvernement de refuser de servir de refuge aux auteurs de ces actes infâmes, a-t-il insisté en espérant que cela devienne un des principaux héritage du sommet de Londres. William Hague est également très impliqué dans ce combat. Face à l'ampleur de la tâche, John Kerry et William Hague avaient écrit ensemble, une tribune où ils affirmaient : Nous avons vu l'horreur. La question maintenant est de savoir si on peut fédérer les actions et les énergies pour l'empêcher. En annonçant à Washington la tenue du sommet, William Hague avait expliqué comment il avait été inspiré par le film d'Angelina Jolie Au pays du sang et du miel (2011)**, sans qui la réunion de Londres n'aurait jamais vu le jour...

*Boko Haram est inscrit depuis le 22 mai 2014 sur la liste des sanctions des Nations unies contre le terrorisme, sur demande des autorités nigérianes. Cette décision permettra d’entraver les capacités de cette organisation terroriste grâce au gel sans délai, par l’ensemble des membres des Nations unies, de ses avoirs financiers ou ressources économiques, ainsi qu’à travers un embargo sur les armes. Elle traduit la mobilisation croissante de la communauté internationale contre les atrocités commises par Boko Haram.

** Angelina Jolie s'est rendue notamment au Rwanda et en Bosnie pour dénoncer le viol utilisé comme arme de guerre, elle est retournée en Bosnie avec William Hague en mars 2014. Ils y ont rencontré des femmes victimes de viols pendant la guerre intercommunautaire ainsi que des femmes rescapées du génocide de Srebrenica en 1995. Au moins 20 000 femmes, en majorité musulmanes, ont été violées pendant la guerre en Bosnie. A ce jour, seuls 33 auteurs de ces crimes ont été condamnés par la justice bosnienne et 30 autres par le Tribunal pénal international.