Yemen : une guerre par procuration entre l’Arabie Saoudite et l’Iran

Vaste comme la France, le Yémen est un territoire au sud-ouest de la péninsule Arabique, entre la mer Rouge et l’océan Indien, où vivent 28 millions d’habitants.

Royaume de Saba durant l’Antiquité, le pays a perdu son surnom d’Arabie heureuse…  les conflits politiques armés se succèdent depuis plus de 50 ans.

En 2014 une véritable guerre se déclenche après que les Houthis* s’emparent de la capitale Sanaa et contrôlent une large parie du pays. Le pouvoir officiel, replié à Aden, appelle à les pays voisins à son secours. Tempête décisive, une coalition d‘une dizaine de pays, est alors conduite par l’Arabie saoudite**… qui pensait régler le problème rapidement.

Mais les bombardements aériens ne suffisent pas à venir à bout des rebelles dissimulés dans la population.

Les Houthis n’hésitent pas à enrôler des enfants et à truffer le terrain de mines. Le conflit a déjà fait 10 000 morts.

Saoudiens et Iraniens se livrent à une guerre par procuration, analyse Lara Al Raisi***,  décrivant l’antagonisme entre le royaume sunnite arabe et la République islamique perse, berceau du chiisme. Leur rivalité et l’effondrement des structures étatiques ont favorisé l’expansion des groupes islamistes, dont Al-Qaïda.

La communauté internationale observe avec inquiétude un conflit dans une région où transite près du tiers du pétrole mondial et tente régulièrement de relancer les pourparlers de paix. Mais la diplomatie est impuissante et le pays sombre dans un chaos militaire assorti d’une famine sans précédent… La pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU.

Selon Save the Children https://www.savethechildren.org/us/what-we-do/where-we-work/greater-middle-east-eurasia/yemen

plus de 5 millions d’enfants sont en train de mourir de faim !

Dans un hôpital que j’ai visité dans le nord, les bébés étaient trop faibles pour pleurer, a témoigné Helle Thorning-Schmidt, la directrice générale.


Abdul-Malik al-Houthi, chef des rebelles houthis*, des chiites soutenus par l’Iran et le Hezbollah libanais

Après la mort de son frère Hussein Badreddine, 39 ans, fils d’un haut dignitaire religieux zaïdite. tué en 2004 lors de l’insurrection houthi, Abdul-Malik al-Houthi a pris la direction de ce mouvement politique religieux et militaire, né dans les montagnes du Nord-Ouest. Appelé officiellement Ansar Allah (partisans de Dieu), le mouvement porte son nom. Il se réfère au zaïdisme, un des 3 courants du chiisme, le plus proche du sunnisme. Les Houthis représentent moins de 10 % de la population mais le zaïdisme a toujours été très influent dans le pays. En 2016, Abdul-Malik al-Houthi s’est autoproclamé guide de la Révolution. Le 8 septembre dernier, il a refusé de négocier une sortie de crise sous l’égide de l’ONU à Genève.


**2015 : Opération Tempête décisive

Suite au renversement du président Abdrabo Mansour Hadi par les Houthis, une coalition d’une dizaine de pays arabes menés par l’Arabie Saoudite intervient militairement au Yémen.

 

***Lara Al Raisi : auteur de Iran-Arabie Saoudite, le choc des titans, 272 pages, 20€, Editions Erick Bonnier