Collonges-au-Mont-d'Or : Monsieur Paul s’est éteint à l'âge de 91 ans
Paul Bocuse, est parti ce 20 janvier, dans son sommeil, chez lui à Collonges-au-Mont-d'Or (69), là où il était né le 11 février 1926 et où Il grandit dans une famille de cuisiniers de père en fils. La gastronomie française est en deuil… En effet, Paul Bocuse lui a consacré sa vie : durant des décennies, le grand chef l’a défendue et porté le savoir-faire français au niveau international.
Enfant, il préférait la chasse et la braconne aux études. En 1944, âgé de 18 ans, il s'engage dans l'Armée de Libération. Il est incorporé dans la 1re division française libre. Blessé en Alsace, il est soigné par les Américains qui lui ont tatoué un coq gaulois sur l'épaule gauche.
Après la guerre, il poursuit sa formation culinaire chez Eugénie Brazier. Première femme triplement étoilée en 1933, elle lui inculquera la rigueur. Au début des années 1950, il se perfectionne encore auprès de Fernand Point, à Vienne (38).
Ascension fulgurante
Paul Bocuse obtient sa première étoile au Michelin en 1958, puis une deuxième 2 ans plus tard en transformant l'auberge familiale, qui deviendra le temple de la gastronomie française*. Avec 3*étoiles depuis 1965 sans discontinuer, il était reconnu comme le pape de la cuisine traditionnelle.
Meilleur ouvrier de France dès 1961, on afflue du monde entier pour déguster sa poularde demi-deuil, son gratin de queues d'écrevisses ou sa soupe VGE, un consommé à la truffe surmonté d'un dôme de pâte feuilletée, créé en 1975 pour la remise de sa Légion d'honneur à l'Élysée.
Elu Cuisinier du siècle en 1989 par Gault & Millau, puis sacré Chef du siècle en 2011 par le prestigieux Culinary Institute of America, Erigeant son nom en marque, il a bâti un empire évalué à plus de 50 millions d'€. J'étais un précurseur, ma curiosité m'a emmené un peu partout, disait-il. Dès 1960, il voyage en Europe, au Japon, aux États-Unis. Il rapportait des recettes, déclinées ensuite dans ses brasseries Le Nord, Le Sud, L'Est, L'Ouest, L'Argenson ou L'Auberge de Fond Rose, à Lyon. Puis, en 2007, il ouvre sa première brasserie au Japon. 7 autres suivront… En février 2013, tout juste remis d'une hospitalisation, il inaugurait un restaurant à son nom, au nord de New York, Président de l'Institut Paul Bocuse d'Écully, dédié aux métiers de l'hôtellerie, de la restauration et des arts culinaires, il aimait transmettre le goût du travail bien fait. Le concours international du Bocuse d'Or, lancé en 1987, reste un véritable tremplin pour les jeunes chefs. Monsieur Paul, c'était la France. Simplicité & générosité. Excellence & art de vivre, résume Gérard Collomb, ministre de l’intérieur et ex-maire de Lyon, sur Twitter souhaitant que nos chefs, à Lyon comme aux 4 coins du monde, cultivent longtemps les fruits de sa passion.
Séducteur invétéré, Paul Bocuse était doté d’un appétit de vivre qui s'exprimait dans le domaine privée : J'adore les femmes et nous vivons trop longtemps de nos jours pour passer une vie entière avec une seule, confiait-il Daily Telegraph en 2005, s’assumant polygame. Il était marié depuis 1946 à Raymonde, qui lui a donné une fille. Il a également partagé sa vie pendant plus de 60 ans avec Raymone, mère de son fils Jérôme ainsi que pendant plus de 40 ans avec Patricia, qui gère sa communication.
Souffrant de la maladie de Parkinson, il avait ouvert dès 2010 le capital de ses brasseries lyonnaises et placé des proches à des postes stratégiques en France et aux Etats-Unis pour préparer sa succession. Je travaille comme si j'allais vivre 100 ans et je savoure la vie comme si chaque jour était le dernier, aimait-il philosopher.
*Certains critiques (grincheux ? aigris ?) estimaient que l'Auberge du Pont de Collonges, ce restaurant des bords de Saône près de Lyon, n'était plus à la hauteur et assuraient que certains guides le classaient dans la catégorie institution, à défaut de le noter…