Canada : le cannabis légalisé

Justin Trudeau s'y était engagé et il a tenu sa promesse : dès minuit, heure locale, ce 17 octobre, la première boutique légale de cannabis ouvrait ses portes au Canada.

Après un siècle de prohibition, le pays est le premier du G20 et le 2e de la planète après l’Uruguay en 2013, à autoriser la marijuana récréative.

A Montréal des dizaines de fêtes ont été spécialement prévues. Bien sûr, les amateurs sont ravis, les financiers aussi…

Au Parlement d'Ottawa, l'opposition conservatrice ainsi que Doug Ford, Premier ministre de l'Ontario, poussent les hauts cris et ont multiplié les attaques contre cette mesure… Selon ses adversaires mais des médecins, elle aurait été précipitée et des dangers pour la santé et la sécurité publique ont été occultés…

Accusé d'avoir abandonné les pouvoirs locaux face à cette réforme inédite. Justin Trudeau a répondu : Cela fait au moins de 2 ans qu'on travaille avec les différents gouvernements. La légalisation doit permettre de restreindre l'accès de cette drogue douce aux mineurs et d’enlever l'argent des poches des organisations criminelles, a-t-il répété.

Un marché florissant

Les statistiques officielles estiment que 16 % de la population du Canada a fumé du cannabis en 2017, soit 773 tonnes. Les 120 producteurs actuellement autorisés devraient être rapidement dépassés par la demande…

Le gouvernement a voulu laisser le choix à chaque région pour organiser un marché évalué à  6 milliards de dollars canadiens (4 milliards d'€)/an. A la Bourse de Toronto, des milliards de dollars ont été investis dans cette nouvelle opportunité. Leader du marché, Canopy Growth a gagné 448 % en un an et atteint 13,88 milliards de $.

Au Québec, les boutiques d'État de la SQDC (Société québécoise du cannabis) démarrent avec 12 magasins mais en vise jusqu'à 150 d'ici 3 ans. En revanche, les provinces du Manitoba et de l'Alberta ont décidé de libéraliser le commerce de l'herbe, quelques magasins privés vont donc être inaugurés …

La légalisation n’est pas un événement mais un processus, a déclaré Bill Blair, ministre chargé de la Réduction du crime organisé, qui envisage de reprendre 25 % du marché noir d'ici la fin de l’année puis 50% en un an. Pendant près d'un siècle, les groupes criminels contrôlaient entièrement le marché, 100 % de sa production et de sa distribution. Ils en ont tiré des bénéfices de plusieurs milliards de dollars, a-t-il insisté. Les dealers ne vont pas disparaître tranquillement du jour au lendemain, a conclut le ministre.

Selon le ministère de la Justice l’éradication du trafic illégal prendra au moins 4 ans.